"Salut, cher Blaise Cendrars ! Tu es un musicien. Salut !
Et gloire à toi ! Autant que des autres, nous avons besoin
des poètes de la nuit et de la désolation. Autant que de diatribes au
vitriol, nous avons besoin de mots réconfortants -
et tu nous les apportes !"
Henry Miller
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Cendrars, Blaise
Trouées
Echappées sur la mer
Chutes d'eau
Arbres chevelus moussus
Lourdes feuilles caoutchoutées luisantes
Un vernis de soleil
Une chaleur bien astiquée
Reluisance
Je n'écoute plus la conversation animée de mes amis qui se partagent les nouvelles que j'ai apportées de Paris
Des deux côtés du train toute proche ou alors de l'autre côté de la vallée lointaine
La forêt est là et me regarde et m'inquiète et m'attire comme le masque d'une momie
Je regarde
Pas l'ombre d'un œil
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Tu m'as dit si tu m'écris
Ne tape pas tout à la machine
Ajoute une ligne de ta main
Un mot un rien oh pas grand chose
Oui oui oui oui oui oui oui oui
Ma Remington est belle pourtant
Je l'aime beaucoup et travaille bien
Mon écriture est nette est claire
On voit très bien que c'est moi
qui l'ai tapée
Il y a des blancs que je suis seul à savoir faire
Vois donc l'oeil qu'à ma page
Pourtant, pour te faire plaisir j'ajoute à l'encre
Deux trois mots
Et une grosse tache d'encre
Pour que tu ne puisses pas les lire.
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"La littérature fait partie de la vie. Ce n'est pas quelque chose "à part". Je n'écris pas par métier. Vivre n'est pas un métier. Il n'y a donc pas d'artistes. Les organismes vivants ne travaillent pas. Je n'aime pas la sueur de mon front malgré les avis salutaires d'un livre par trop fameux. Il n'y a pas de spécialisations. Je ne suis pas homme de lettres. Je dénonce les bûcheurs et les arrivistes. Il n'y a pas d"écoles. En Grèce ou dans les geôles de Sing-Sing, j'écrirais tout autrement. J'ai fait mes plus beaux poèmes dans les grandes villes, parmi cinq millions d'hommes - ou à cinq mille lieues sous les mers en compagnie de Jules Verne, pour ne pas oublier les plus beaux jeux de mon enfance. Toute vie n'est qu'un poème, un mouvement. Je ne suis qu'un mot, un verbe, une profondeur, dans le sens le plus sauvage, le plus mystique, le plus vivant. (…)
Le chat domestique a le pelage soyeux ; son échine est souple, électrique ; ses pattes sont bien armées, ses griffes fortes ; il saute sur la proie qu'il convoite. Mais le chat sauvage saute bien mieux : il ne manque jamais son coup. J'ai des chats sauvages plein la bouche".
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