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Laforgue, Jules
Complainte de certains ennuis
Un couchant des Cosmogonies !
Ah ! que la Vie est quotidienne...
Et du plus vrai qu'on se souvienne,
Comme on fut piètre et sans génie !...
On voudrait s'avouer des choses,
Dont on s'étonnerait en route,
Qui feraient, une fois pour toutes !
Qu'on s'entendrait à travers poses.
On voudrait saigner le Silence,
Secouer l'exil des causeries ;
Et non ! ces dames sont aigries
Par des questions de préséance.
Elles boudent là, l'air capable.
Et, sous le ciel, plus d'un s'explique,
Par quels gâchis suresthétiques
Ces êtres-là sont adorables.
Justement, une nous appelle,
Pour l'aider à chercher sa bague,
Perdue (où dans ce terrain vague ?)
Un souvenir d'AMOUR, dit-elle !
Ces êtres-là sont adorables !
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Je ne suis qu'un viveur lunaire
Qui fait des ronds dans les bassins,
Et cela sans autre dessein
Que devenir un légendaire.
Retroussant d'un air de défi
Mes manches de mandarin pâle,
J'arrondis ma bouche et - j'exhale
Des conseils doux de Crucifix.
Ah ! oui, devenir légendaire,
Au seuil des siècles charlatans !
Mais où sont les Lunes d'antan ?
Et que Dieu n'est-il à refaire ?
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La Cigarette
Oui, ce monde est bien plat ; quant à l'autre, sornettes.
Moi, je vais résigné, sans espoir, à mon sort,
Et pour tuer le temps, en attendant la mort,
Je fume au nez des dieux de fines cigarettes.
Allez, vivants, luttez, pauvres futurs squelettes.
Moi, le méandre bleu qui vers le ciel se tord
Me plonge en une extase infinie et m'endort
Comme aux parfums mourants de mille cassolettes.
Et j'entre au paradis, fleuri de rêves clairs
Ou l'on voit se mêler en valses fantastiques
Des éléphants en rut à des choeurs de moustiques.
Et puis, quand je m'éveille en songeant à mes vers,
Je contemple, le coeur plein d'une douce joie,
Mon cher pouce roti comme une cuisse d'oie.
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Spleen
Tout m'ennuie aujourd'hui. J'écarte mon rideau,
En haut ciel gris rayé d'une éternelle pluie,
En bas la rue où dans une brume de suie
Des ombres vont, glissant parmi les flaques d'eau.
Je regarde sans voir fouillant mon vieux cerveau,
Et machinalement sur la vitre ternie
Je fais du bout du doigt de la calligraphie.
Bah ! sortons, je verrai peut-être du nouveau.
Pas de livres parus. Passants bêtes. Personne.
Des fiacres, de la boue, et l'averse toujours...
Puis le soir et le bec de gaz et je rentre à pas lourds...
Je mange, et baille, et lis, rien ne me passionne...
Bah ! Couchons-nous. - Minuit. Une heure. Ah ! chacun dort !
Seul, je ne puis dormir et je m'ennuie encor.
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SOLO DE LUNE
Je fume, étalé face au ciel,
Sur l’impériale de la diligence,
Ma carcasse est cahotée, mon âme danse
Comme un Ariel;
Sans miel, sans fiel, ma belle âme danse,
O routes, coteaux, ô fumées; ô vallons,
Ma belle âme, ah! récapitulons.
Nous nous aimions comme deux fous,
On s’est quitté sans en parler,
Un spleen me tenait exilé,
Et ce spleen me venait de tout. Bon.
Ses yeux disaient: “Comprenez-vous?
Pourquoi ne comprenez-vous pas?”
Mais nul n’a voulu faire le premier pas,
Voulant trop tomber ensemble à genoux.
(Comprenez-vous?)
Où est-elle à cette heure?
Peut-être que’elle pleure...
Où est-elle à cette heure?
Oh! du moins, soigne-toi, je t’en conjure!
O fraîcheur des bois le long de la route,
O châle de mélancolie, toute âme est un peu aux écoutes,
Que ma vie
Fait envie!
Cette impériale de diligence tient de la magie.
Accumulons l’irréparable!
Renchérissons sur notre sort!
Les étoiles sont plus nombreuses que le sable
Des mers où d’autres ont vu se baigner son corps,
Tout n’en va pas moins à la mort.
Y a pas de port.
Des ans vont passer là-dessus,
On s’endurcira chacun pour soi,
Et bien souvent et déjà je m’y vois,
On se dira: “Si j’avais su...
“Mais mariés de même, ne se fût-on pas dit:
“Si j’avais su, si j’avais su!...”?
Ah! rendez-vous maudit!
Ah! mon coeur sans issue!...
Je me suis mal conduit.
Maniaques de bonheur,
Donc, que ferons-nous? Moi de mon âme,
Elle de sa faillible jeunesse?
O vieillissante pécheresse,
Oh! que de soirs je vais me rendre infâme
En ton honneur!
Ses yeux clignaient: “Comprenez-vous?
Pourquoi ne comprenez-vous pas?”
Mais nul n’a fait le premier pas
Pour tomber ensemble à genoux. Ah!...
La lune se lève,
O route en grand rêve!...
On a dépassé les filatures, les scieries,
Plus que les bornes kilométriques,
De petits nuages d’un rose de confiserie,
Cependant qu’un fin croissant de lune se lève,
O route de rêve, ô nulle musique...
Dans ces bois de pins où depuis
Le commencement du monde
Il fait toujours nuit,
Que de chambres propres et profondes!
Oh! pour un soir d’enlèvement!
Et je les peiple et je m’y vois,
Et c’est un beau couple d’amants,
Qui gesticulent hors la loi.
Et je passe et les abandonne,
Et me recouche face au ciel.
La roue tourne, je suis Ariel,
Nul ne m’attend, je ne vais chez personne.
Je n’ai que l’amitié des chambres d’hôtel.
La lune se lève,
O route en grand rêve,
O route sans terme,
Voici le relais,
Où l’on allume les lanternes,
Où l’on boit un verre de lait,
Et fouette postillon,
Dans le chant des grillons,
Sous les étoiles de juillet.
O clair de lune,
Noce de feux de Bengale noyant mon infortune,
Les ombres des peupliers sur la route...
Le gave qui s’écoute...
Qui s’écoute chanter...
Dans ces inondations du fleuve du Léthé...
O Solo de lune,
Vous défiez ma plume,
Oh! cette nuit sur la route;
O étoiles, vous êtes à faire peur,
Vous y êtes toutes! toutes!
O fugacité de cette heure...
Oh! qu’il y eût moyen
De m’en garder l’âme pour l’automne qui vient!...
Voici qu’il fait très, très frais,
Oh! si à la même heure,
Elle va de même le long des forêts,
Noyer son infortune
Dans les noces du clair de lune!...
(Elle aime tant errer tard!)
Elle aura oublié son foulard,
Elle va prendre mal, vu la beauté de l’heure!
Oh! soigne-toi, je t’en conjure!
Oh! je ne veux plus entendre cette toux!
Ah! que ne suis-je tombé à tes genoux!
Ah! que n’as-tu défailli à mes genoux!
J’eusse été le modèle des époux!
Comme le frou-frou de ta robe est le modèle des frou-frou.
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La lune est stérile
Lune, Pape abortif à l'amiable, Pape
Des Mormons pour l'art, dans la jalouse Paphos
Où l'Etat tient gratis les fils de la soupape
D'échappement des apoplectiques Cosmos !
C'est toi, léger manuel d'instincts, toi qui circules,
Glaçant, après les grandes averses, les oeufs
Obtus de ces myriades d'animalcules
Dont les simouns mettraient nos muqueuses en feu !
Tu ne sais que la fleur des sanglantes chimies ;
Et perces nos rideaux, nous offrant le lotus
Qui constipe les plus larges polygamies,
Tout net, de l'excrément logique des foetus.
Carguez-lui vos rideaux, citoyens de moeurs lâches ;
C'est l'Extase qui paie comptant, donne son Ut
Des deux sexes et veut pas même que l'on sache
S'il se peut qu'elle ait, hors de l'art pour l'art, un but.
On allèche de vie humaine, à pleines voiles,
Les Tantales virtuels, peu intéressants
D'ailleurs, sauf leurs cordiaux, qui rêvent dans nos moelles ;
Et c'est un produit net qu'encaissent nos bons sens.
Et puis, l'atteindrons-nous, l'Oasis aux citernes,
Où nos coeurs toucheraient les payes qu'on leur doit ?
Non, c'est la rosse aveugle aux cercles sempiternes
Qui tourne pour autrui les bons chevaux de bois.
Ne vous distrayez pas, avec vos grosses douanes ;
Clefs de fa, clefs de sol, huit stades de claviers,
Laissez faire, laissez passer la caravane
Qui porte à l'Idéal ses plus riches dossiers !
L'Art est tout, du droit divin de l'Inconscience ;
Après lui, le déluge ! et son moindre regard
Est le cercle infini dont la circonférence
Est partout, et le centre immoral nulle part.
Pour moi, déboulonné du pôle de stylite
Qui me sied, dès qu'un corps a trop de son secret,
J'affiche : celles qui voient tout, je les invite
A venir, à mon bras, des soirs, prendre le frais.
Or voici : nos deux Cris, abaissant leurs visières,
Passent mutuellement, après quiproquos,
Aux chers peignes du cru leurs moelles épinières
D'où lèvent débusqués tous les archets locaux.
Et les ciels familiers liserés de folie
Neigeant en charpie éblouissante, faut voir
Comme le moindre appel : c'est pour nous seuls ! rallie
Les louables efforts menés à l'abattoir !
Et la santé en deuil ronronne ses vertiges,
Et chante, pour la forme : " Hélas ! ce n'est pas bien,
" Par ces pays, pays si tournoyants, vous dis-je,
" Où la faim d'Infini justifie les moyens. "
Lors, qu'ils sont beaux les flancs tirant leur révérence
Au sanglant capitaliste berné des nuits,
En s'affalant cuver ces jeux sans conséquence !
Oh ! n'avoir à songer qu'à ses propres ennuis !
- Bons aïeux qui geigniez semaine par semaine,
Vers mon Coeur, baobab des védiques terroirs,
je m'agite aussi ! mais l'Inconscient me mène ;
Or, il sait ce qu'il fait, je n'ai rien à y voir.
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L'hiver qui vient
Blocus sentimental ! Messageries du Levant !...
Oh, tombée de la pluie ! Oh ! tombée de la nuit,
Oh ! le vent !...
La Toussaint, la Noël et la Nouvelle Année,
Oh, dans les bruines, toutes mes cheminées !...
D'usines....
On ne peut plus s'asseoir, tous les bancs sont mouillés ;
Crois-moi, c'est bien fini jusqu'à l'année prochaine,
Tant les bancs sont mouillés, tant les bois sont rouillés,
Et tant les cors ont fait ton ton, ont fait ton taine !...
Ah, nuées accourues des côtes de la Manche,
Vous nous avez gâté notre dernier dimanche.
Il bruine ;
Dans la forêt mouillée, les toiles d'araignées
Ploient sous les gouttes d'eau, et c'est leur ruine.
Soleils plénipotentiaires des travaux en blonds Pactoles
Des spectacles agricoles,
Où êtes-vous ensevelis ?
Ce soir un soleil fichu gît au haut du coteau
Gît sur le flanc, dans les genêts, sur son manteau,
Un soleil blanc comme un crachat d'estaminet
Sur une litière de jaunes genêts
De jaunes genêts d'automne.
Et les cors lui sonnent !
Qu'il revienne....
Qu'il revienne à lui !
Taïaut ! Taïaut ! et hallali !
Ô triste antienne, as-tu fini !...
Et font les fous !...
Et il gît là, comme une glande arrachée dans un cou,
Et il frissonne, sans personne !...
Allons, allons, et hallali !
C'est l'Hiver bien connu qui s'amène ;
Oh ! les tournants des grandes routes,
Et sans petit Chaperon Rouge qui chemine !...
Oh ! leurs ornières des chars de l'autre mois,
Montant en don quichottesques rails
Vers les patrouilles des nuées en déroute
Que le vent malmène vers les transatlantiques bercails !...
Accélérons, accélérons, c'est la saison bien connue, cette fois.
Et le vent, cette nuit, il en a fait de belles !
Ô dégâts, ô nids, ô modestes jardinets !
Mon coeur et mon sommeil : ô échos des cognées !...
Tous ces rameaux avaient encor leurs feuilles vertes,
Les sous-bois ne sont plus qu'un fumier de feuilles mortes ;
Feuilles, folioles, qu'un bon vent vous emporte
Vers les étangs par ribambelles,
Ou pour le feu du garde-chasse,
Ou les sommiers des ambulances
Pour les soldats loin de la France.
C'est la saison, c'est la saison, la rouille envahit les masses,
La rouille ronge en leurs spleens kilométriques
Les fils télégraphiques des grandes routes où nul ne passe.
Les cors, les cors, les cors - mélancoliques !...
Mélancoliques !...
S'en vont, changeant de ton,
Changeant de ton et de musique,
Ton ton, ton taine, ton ton !...
Les cors, les cors, les cors !...
S'en sont allés au vent du Nord.
Je ne puis quitter ce ton : que d'échos !...
C'est la saison, c'est la saison, adieu vendanges !...
Voici venir les pluies d'une patience d'ange,
Adieu vendanges, et adieu tous les paniers,
Tous les paniers Watteau des bourrées sous les marronniers,
C'est la toux dans les dortoirs du lycée qui rentre,
C'est la tisane sans le foyer,
La phtisie pulmonaire attristant le quartier,
Et toute la misère des grands centres.
Mais, lainages, caoutchoucs, pharmacie, rêve,
Rideaux écartés du haut des balcons des grèves
Devant l'océan de toitures des faubourgs,
Lampes, estampes, thé, petits-fours,
Serez-vous pas mes seules amours !...
(Oh ! et puis, est-ce que tu connais, outre les pianos,
Le sobre et vespéral mystère hebdomadaire
Des statistiques sanitaires
Dans les journaux ?)
Non, non ! C'est la saison et la planète falote !
Que l'autan, que l'autan
Effiloche les savates que le Temps se tricote !
C'est la saison, oh déchirements ! c'est la saison !
Tous les ans, tous les ans,
J'essaierai en choeur d'en donner la note.
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Le vrai de la chose
Ah ! c'est pas sa chair qui m'est tout,
Et suis pas qu'un grand cœur pour elle ;
Non, c'est d'aller faire les fous
Dans des histoires fraternelles !
Oh ! vous m'entendez bien !
Oh ! vous savez comme on y vient ;
Oh ! vous savez parfaitement qu'il y a moyen,
Et comme on s'y attelle.
Lui défeuiller quel Tout je suis,
Et que ses yeux, perdus, m'en suivent !
Et puis un soir : " Tu m'as séduit
" Pourtant ! " - et l'aimer toute vive.
Et s'aimer tour à tour,
Au gras soleil des basses-cours,
Et vers la Lune, et puis partout ! avec toujours
En nobles perspectives...
Oh ! c'est pas seulement la chair,
Et c'est pas plus seulement l'âme ;
C'est l'Esprit édénique et fier
D'être un peu l'Homme avec la Femme
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Dialogue avant le lever de la lune
- Je veux bien vivre ; mais vraiment,
L'Idéal est trop élastique !
- C'est l'Idéal, son nom l'implique,
Hors son non-sens, le verbe ment.
- Mais, tout est conteste ; les livres
S'accouchent, s'entretuent sans lois !
- Certes, l'Absolu perd ses droits,
Là où le Vrai consiste à vivre.
- Et, si j'amène pavillon
Et repasse au Néant ma charge ?
- L'Infini, qui souffle du large,
Dit - " pas de bêtises, voyons ! "
- Ces chantiers du Possible ululent
A l'Inconcevable, pourtant !
- Un degré, comme il en est tant
Entre l'aube et le crépuscule.
- Être actuel, est-ce, du moins,
Être adéquat à Quelque Chose ?
- Conséquemment, comme la rose
Est nécessaire à ses besoins.
- Façon de dire peu commune
Que Tout est cercles vicieux ?
- Vicieux, mais Tout !
- J'aime mieux
Donc m'en aller selon la Lune.
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Aquarelle en cinq minutes
Oh ! oh ! le temps se gâte,
L'orage n'est pas loin,
Voilà que l'on se hâte
De rentrer les foins !...
L'abcès perce !
Vl'à l'averse !
O grabuges
Des déluges !....
Oh ! ces ribambelles
D'ombrelles !....
Oh ! cett' Nature
En déconfiture ! ....
Sur ma fenêtre,
Un fuchsia
A l'air paria
Se sent renaître....
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Complainte de l'oubli des morts
Mesdames et Messieurs,
Vous dont la mère est morte,
C'est le bon fossoyeux
Qui gratte à votre porte.
Les morts
C'est sous terre ;
Ça n'en sort
Guère.
Vous fumez dans vos bocks,
Vous soldez quelque idylle,
Là-bas chante le coq,
Pauvres morts hors des villes !
Grand-papa se penchait,
Là, le doigt sur la tempe,
Soeur faisait du crochet,
Mère montait la lampe.
Les morts
C'est discret,
Ça dort
Trop au frais.
Vous avez bien dîné,
Comment va cette affaire ?
Ah ! les petits mort-nés
Ne se dorlotent guère !
Notez, d'un trait égal,
Au livre de la caisse,
Entre deux frais de bal :
Entretien tombe et messe.
C'est gai,
Cette vie ;
Hein, ma mie,
Ô gué ?
Mesdames et Messieurs,
Vous dont la soeur est morte,
Ouvrez au fossoyeux
Qui claque à votre porte ;
Si vous n'avez pitié,
Il viendra (sans rancune)
Vous tirer par les pieds,
Une nuit de grand'lune !
Importun
Vent qui rage !
Les défunts ?
Ça voyage....
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